• Sortir d’une secte

JL Swerwaegher et T Nathan

Tobie Nathan, Jean-Luc Swertvaegher

Sortir d’une secte

Paris, Le Seuil-Les empêcheurs de penser en rond, 2003

4ème de couverture :

Si un jour vous constatez que les sentiments qui découlent de l’évidence du réel – comme d’aimer ses parents ou d’aimer ses enfants – vous sont devenus inaccessibles…

Si un vieux copain de lycée vous propose de dîner avec lui et que vous lui répondez que vous ne pouvez pas, de peur de manger des nourritures interdites ou d’être amené à lui parler de sujets dont il se moquera…

Si vous êtes convaincu qu’une personne précise a découvert une vérité qui a permis de remettre le monde en ordre…

Si vous vous apercevez que votre activité sexuelle est assujettie à un autre but que la seule sexualité (Dieu, le Bien, la circulation de l’énergie cosmique…)

Si on vous propose de développer des capacités que « tout le monde a en soi » – des capacités de guérir, de prédire, de ressentir les vibrations magnétiques…

Si vous vivez dans un environnement où l’argent n’a pas la même valeur que dans la société globale ; s’il s’impose par exemple à votre esprit qu’il est seulement un symbole ou la « preuve d’un investissement affectif »…

Si « l’initiation » qu’on vous a promise donne accès à des grades quantifiés, ordonnés selon une échelle…

Inquiètez vous de la nature du groupe qui vous entoure !

En quelques mots :

L’attrait pour les sectes repose sur une promesse d’initiation, qu’elles se montrent incapables de satisfaire. Dès lors, les personnes se retrouvent comme suspendues dans le vide, contraintes à recruter toujours de nouveaux adeptes…Les adeptes pensent les sectes porteuses de solutions alors qu’elles se révèlent brûleuses d’énergie mentale. Les sectes mettent au travail, exploitent, accumulent l’argent afin d’augmenter leur pouvoir, multipliant leurs activités pour pénétrer de nouveaux territoires. Elles détournent les candidats de leurs appartenances initiales, familiales, universitaires…On les croit liantes alors qu’elles s’attachent à délier. Elles se saisissent toujours d’individus, jamais de groupes ; ainsi, quand elles accueillent des couples, c’est pour les séparer tôt ou tard. C’est en recevant des dizaines de personnes victimes de sectes dans les consultations collectives du Centre Devereux (en collaboration avec l’ADFI) où elles étaient considérées comme des expertes, que Tobie Nathan et Jean-Luc Swertvaegher ont pu comprendre le fonctionnement des sectes. Partant de l’expertise des personnes sur ce qu’elles ont vécu, ils ont pris en charge psychologiquement Sylvie, Jacques, Jeanne, etc qui sortaient de la scientologie, de Moon, etc.

une recension dans Etudes Tome 398 2003/3

Eric de Rosny

Sans prétendre indiquer la voie unique pour se sortir d’une secte, les auteurs, de façon très pratique, en proposent une qui a fait ses preuves, la leur. Elle consiste à s’adresser à deux institutions. D’abord aux Associations de défense de la famille et de l’individu (ADFI, http:// www. unadfi. org/ ). « [Celles-ci] sont animées par de nombreux bénévoles et assurent directement un soutien auprès des personnes et des familles confrontées à une problématique sectaire. En ce sens, les ADFI fonctionnent comme de véritables associations d’usagers » (p. 281). Et si une aide de type psychologique s’avère nécessaire, il est recommandé de s’adresser au dispositif du Centre Georges-Devereux (Université Paris 8), dont Tobie Nathan est le principal animateur. Les deux institutions opèrent de concert, la première pour l’accueil des évadés des sectes, la seconde pour une prise en charge libérante et souvent libératrice. Ces deux institutions sont assez connues pour qu’il ne soit pas utile de les présenter et de les recommander davantage. Le livre est le résultat du travail sur trois ans d’une équipe composée de vingt-quatre chercheurs ou praticiens appartenant à la famille étendue des sciences humaines. Il est habilement composé et ne souffre pas de la diversité des collaborateurs, qui conservent l’anonymat dans le texte, ni du nombre des cas exemplaires présentés. Je relève un point essentiel du livre : on nous alerte sur la fausse apparence de la liberté retrouvée. Ainsi le transfuge peut-il demeurer longtemps dépendant, en son for intérieur, de ses anciens maîtres dont il croyait s’être détaché. Cela vient de la profondeur du lien noué. Son âme a été, pour ainsi dire, capturée. Il y allait dans l’espoir de trouver un nouveau monde où se réaliser. S’il a pu s’échapper, c’est qu’à un moment ou à un autre du processus (parfois après des années), il découvre que les promesses faites n’ont pas été tenues. Elles ne le peuvent pas, remarquent les auteurs du livre. Cela fait partie de l’essence même d’une secte : sa stérilité. L’hypertrophie de l’argent et du sexe n’est que le champ où se déploie cette quête impossible. Les sectes les plus citées sont Moon, la Scientologie et les Témoins de Jéhovah. Mais, le même mécanisme de l’espoir et de la déception se retrouve dans des groupes plus secrets, plus inattendus, et aussi, comme le constatent les auteurs au passage, dans certaine formes de vie religieuse consacrée (p. 124) – partout, en somme, où sont réunies les conditions d’exercice d’une pratique perverse du pouvoir.

Eric de Rosny

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