• À qui j’appartiens ?

Écrits sur la psychothérapie, sur la guerre et sur la paix

Editions Le Seuil/Les Empêcheurs de penser en rond, Paris, septembre 2007 — 272 pages.

4ème de couv…

Comment désigner celui qui demande l’aide d’un psy ? Un patient ? Un client ? Un malade ? Un sujet ? Ou bien tout simplement un usager ? Prendre en compte le savoir des patients, c’est s’intéresser à ce qui leur permet d’exister, à ce qu’ils ne peuvent pas abandonner sans perdre leur âme. De plus en plus nombreuses, des associations de patients se sont constituées et mettent en cause les vieilles certitudes psychanalytiques ou psychiatriques. Les psychothérapies sont en pleine réinvention. Désormais, les patients imposent à leurs thérapeutes de les penser et de les soigner en respectant leurs appartenances. C’est à partir de son exceptionnelle expérience auprès des patients immigrants que Tobie Nathan a été amené à repenser les théories de l’identité. Plus le monde est globalisé, plus les revendications identitaires enflent et grondent. Il nous faut désormais concevoir l’identité non pas comme une seconde nature mais comme un projet.

Extrait du 1er chapitre

Ceci n’est pas une psychothérapie

Mise en condition : la ligne 13… Pourquoi la ligne 13 du métro parisien est-elle aussi inconfortable ? Est-ce seulement parce que les immigrés qui l’empruntent sont si fatigués qu’ils s’endorment malgré le vacarme, les arrêts intempestifs, les insupportables mouvements latéraux des voitures ? Il y fait si chaud l’été, si froid l’hiver — la ligne 13 est un accélérateur de température ! Presque à chaque station, monte un mendiant, une mendiante qui n’ont de cesse de vous rendre coupable — ils crient, pleurent ou chantent ; en français, rom, en arabe et chacun d’enfouir le nez dans son journal, de regarder ses pieds, de regarder ailleurs… La ligne 13 vous donne toujours l’air rêveur. La ligne 13 conduit ailleurs !

Saint-Denis Université ! Vous grimpez l’escalier… Quelle que soit la saison, un vent violent vous cueille toujours aux dernières marches. Faux semblants : les sandwiches ont seulement l’air d’être appétissants — en vérité, ils sont de fabrication industrielle — ; les écharpes sont en faux cachemire ; les colliers fantaisie, les teeshirts sont les mêmes qu’à République ou à Mairie de Montreuil. On passe son chemin sans regarder. La ligne 13, il n’y a rien à voir ! Courants d’air, halls sales, poubelles débordant d’emballages graisseux, on traverse l’esplanade, tête baissée, l’attention à peine attirée par l’odeur des pizzas chaudes et des merguez grillées.

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