« des mémoires divinement peu egotiques »

par Yael sur le blog « toute la culture » :

 

Ethno-roman : Tobie Nathan livre des mémoires divinement peu egotiques

 

L’ethno-psychiatre et écrivain (voir notre critique du roman Qui a Tué Arlozorov?) Tobie Nathan livre chez Grasset un récit joyeux et en pointillés de sa vie. Un livre plein de joie, de portraits réussis d’intellectuels des années 1970 et une défense très personnelle mais jamais égotique de l’ethnopsychiatrie, discipline qui fait appel à l’ethnologie et qui interroge le milieu culturel des sujets pour mieux engager  le processus de thérapie. Sortie le 12 septembre 2012.

Né dans une famille juive et de culture déjà marxiste en Égypte après la Deuxième Guerre mondiale, Tobie Nathan est encore enfant quand ses parents doivent quitter précipitamment leur pays, qui expulse ses juifs. Il fait alors le parcours classique de l’immigré d’Afrique du Nord sans moyens financiers en France : cages à lapins de banlieues où sa famille s’entasse tandis-que son père tente de trouver de quoi faire bouillir la marmite. Situation de précarité de laquelle il ne garde pas un souvenir traumatisant… Il a exactement 20 ans en Mai 68 et lit Freud essai après essai sans pouvoir reprendre son souffle. Alors que l’inflexibilité de doctrines marxistes de certains camarades l’éloigne de toute velléité politique, il désire néanmoins compter pour son temps. C’est la rencontre avec l’anthropologue et psychanalyste, fondateur de l’ethnopsychanalyse qui change le cours de sa vie. Pendant dix ans, ce dernier le suit tandis-que Tobie Nathan rédige sa thèse. Une fois diplômé, il rompt bien malgré lui avec son maître aux affinités sautillantes et au caractère difficile pour créer un département d’ethnopsychiatrie à Bobigny, ville aux communautés  diverses qui est le lieu idéal pour tester les vertus de cette nouvelle discipline…

Avec beaucoup de joie d’écrire et de goût pour la vie, Tobie Nathan livre des mémoires à la fois conventionnels (sa trajectoire de vie) et originaux : la vocation d’ethnopsychiatre de cet intellectuel, le pousse à préférer se décrire évoluant au sein de sa famille juive ou dans le milieu de la psychiatrie française des années 1970, plutôt que de livrer un exercice égotique de success-story personnelle. le résultat livre  des clés intéressantes pour comprendre l’homme mais aussi les milieux qui l’ont forgé. Se risquant par exemple  à défendre le communautarisme de certains noyaux d’immigrés comme les juifs Égyptiens qui s’entraidaient « entre-eux » à l’arrivée de nouveaux venus en France est courageuse à l’heure où de tels « enfermements » dans la communauté sont décriés de toutes parts. Plus qu’une histoire éducation intellectuelle et sentimentale, le livre est donc une défense philosophique et humaine de la discipline que Tobie Nathan a contribué à forger. Si bien que le texte est lardé d’épisodes cliniques, qui ont pour originalité d’être aussi des fragments de voyages, puisque l’ethnopsychiatre est aussi ethnologue et est allé rencontrer ses patients un peu partout dans le monde.

Tobie Nathan, Ethno-roman, Grasset, 382 P., 19.50 euros. Sortie le 12 septembre 2012.

« Mais certains adultes- je crois que c’étaient les plus mûrs et les plus accomplis- organisaient leur univers pour nier l’exil. elle, je la reconnais comme mon double en nostalgie.Nous l’appelions « la tante G. », parce qu’elle était réellement la tante de l’un d’entre-nous. Elle avait décidé de vivre en France comme elle vivait au Caire, une vie de discussions perpétuelles autour d’un whisky en tapant le carton. la journée, elle s’occupait tant bien que mal de sa maison et de ses trois enfants. mais quand arrivait le soir, c’est alors que commençait la vraie vie. Un taxi venait la chercher pour la conduire au casino d’Enghien. Elle y retrouvait d’autres Egyptiennes, comme elle, mais aussi des Algériennes et des Tunisiennes. Elle y passait la nuit entière, rentrant à l’aube, le visage et les vêtements fripés, quelquefois reconduite par un galant occasionnel. Pour supporter la situation, son mari faisait taxi de nuit. » pp. 277-278.

publié le 24 septembre 2012 Par yael – categories : Littérature, Rentrée litteraire 2012

Bibliothèques idéales

Strasbourg

Le 24 septembre 2012 à 19h00, dans la salle de l’Aubette —> rencontre avec Tobie Nathan, Ethno-roman (Grasset), animée par Nicolas Léger.

Rencontre avec Tobie Nathan

De la Sorbonne post-soixante huitarde, dans les services psychiatriques où il officie, dans sa mémoire égyptienne, chez les fous-sages chez des sages un peu dingues, chez les devins d’Afrique et dans les dîners d’Ambassade… Sur ce monde, notre monde, il pose un regard d’adulte émerveillé et mélancolique, pessimiste, lucide, généreux. Né en Egypte. Enfance en Italie. Héritier de générations de rabbins. Ado communiste à Gennevilliers. « Formé à l’institut de psychanalyse de St-Jacques, j’ai essayé d’épouser l’identité de psychanalyste, mais je n’y suis pas parvenu. Je suis comme la goutte qui file entre les doigts pour s’en aller rejoindre la source…»

à la Matinale de France Musique

Lundi 24 septembre à 8h00, Tobie Nathan sera l’invité de Christophe Bourseiller à la Matinale de France Musique.

… à l’occasion de la sortie d’Ethno-Roman (Grasset), le 12 septembre en librairie

et du nouveau numéro de Philosophie Magazine

Philosophie Magazine n°63

Comment être (un peu) plus libre ?

Tout est permis, pourtant l’obéissance est partout. Peut-on échapper aux pièges subtils de l’aliénation, et devenir pleinement l’auteur de ses actes ? « Socrate est mon modèle », rencontre avec Pussy Riot. Le mystère des enfants sorciers par Tobie Nathan. « La prison a été ma grande maîtresse », Bernard Stiegler. Spinoza et la joie.

Nos ancêtres les Germains…

à propos du livre de Laurent Olivier paru aux éditions Tallandier en août 2012

Laurent Olivier, conservateur en chef du Patrimoine en charge des collections celtiques et gauloises au Musée d’Archéologie Nationale de Saint-Germain-en-Laye, publie un étude passionnante sur le rôle de l’archéologie dans la construction de l’idéologie nazie. On est sidéré d’apprendre que 90% des archéologues allemands étaient membres du NSDAP, le parti nazi. On se demande seulement quelle était la vie intellectuelle des 10% restants. L’on apprend que dès les premières années du pouvoir nazi, les archéologues allemands se rendaient sur les sites européens pour fabriquer de la science « utile » au pouvoir.

Il est vrai que l’archéologie est un domaine sensible. Les pouvoirs lui ont souvent demandé de justifier l’occupation des sols. Mais le nazisme avait exigé bien plus encore. Un projet de recherche, financé par l’état devait aboutir à démontrer que les terres que l’Allemagne nazie envisageait de coloniser avaient été des terres germaniques depuis la préhistoire. En France occupée, la recherche nazie — et cela, on le sait d’autant moins que les archives ont été soigneusement cachées ! — a trouvé des auxiliaires dévoués et souvent enthousiastes dans les archéologues français de l’époque. Ils considéraient qu’ils levaient « le voile d’ombre qui recouvre l’ancienne histoire germanique de notre pays »… Le silence et la disparition des archives s’explique par le fait que beaucoup parmi ces jeunes chercheurs ont poursuivi de brillantes carrières en France après guerre.

statue en bronze de chef gaulois – commande de Napoléon III en 1864. Musée d’archéologie de Saint-Germain-en-Laye

Ce livre soulève des problèmes fondamentaux qui ne se limitent pas à la seule archéologie. Même si aucun archéologue sérieux ne prétend plus découvrir une origine, la tentation est grande d’assimiler le passé lointain, reconstitué à l’occasion de fouilles à la source d’un peuple ou d’une civilisation. Ce serait sans conséquence si l’on n’assimilait l’antériorité et la légitimité. Je serais légitime du fait que mes ancêtres — quels ancêtres ? — seraient antérieurs aux tiens sur cette terre, dans cette connaissance, dans cet art… comme si tous les peuples ne s’étaient inspirés les uns des autres, entre-empruntés techniques et divinités, entre-racontés mythes et récits édifiants… Mais voilà ! Le modèle de l’antériorité légitimante a la vie dure.

En ce domaine, il faut le reconnaître, les Nazis ont fait très fort en asservissant l’archéologie, en la sommant de justifier les délires d’expansion du dictateur. Et c’est la première remarque qui me semble mériter un arrêt, une réflexion. Les sciences humaines et sociales, plus sans doute que les autres sciences, sont susceptibles de fabriquer de l’idéologie politique. Maquillée en discours de vérité, dont elle a toutes les apparences, l’archéologie de l’Allemagne nazie était une propagande susceptible d’emporter l’adhésion des foules. Elle a fractionné la France, selon ses intérêts politiques en régions allemandes (Alsace, Lorainne, Franche Comté), susceptibles de le devenir (Bretagne, Corse, Bourgogne) et en régions bonnes à coloniser — c’est-à-dire à vider de ses habitants non-germaniques.

Et l’on s’étonne devant le peu de résistance du milieu universitaire — et cela, non seulement en Allemagne, mais aussi en France. Le plus saisissant, sans doute, dans ce livre, est la façon dont on a repris des données archéologiques plus ou moins fantaisistes pour justifier la collaboration :

« La Gaule accepta sa défaite : Jules César apporta la paix romaine ; vainqueurs et vaincus s’entendirent et de ce grand choc naquit la civilisation gallo-romaine qui nous a fait ce que nous sommes. Nous nous retrouvons parès deux millénaires dans la même position que les Gaulois nos pères, et nous souhaitons de tout cœur que, de l’accord des vainqueurs et des vaincus, naisse enfin la paix européenne qui seule peut sauver le monde » Pierre Gaziot, Ministre de l’agriculture, discours du 19 janvier 1941

On a bien compris : tout comme la défaite des Gaulois a donné la civilisation gallo-romaine, la défaite de la France débouchera sur une nouvelle civilisation européenne… Gloup’s !

4) L’archéologie est restée marquée par cette tension et il me semble que cela provient du fait que la science ne sait plus distinguer le passé du mythe des origines. Une scène incroyable, on s’en souvient, lorsque des anthropologues et des archéologues ont expliqué aux Indiens d’Amérique qu’ils venaient d’Asie, de Sibérie, après avoir traversé le détroit de Behring et que, pour le fond, ils étaient des migrants au même titre que les Blancs américains, arrivés une cinquantaine de milliers d’années plus tard. Et qu’on répondu les Indiens ? Vous racontez n’importe quoi ! ont-ils répondu aux savants. Nous ne venons ni de Sibérie ni de nulle part, nous sommes nés de la terre même, comme des arbres… De même je me souviens avoir posé la question à un vieux sage au Bénin en lui demandant s’il connaissait ses ancêtres. Et il m’a répondu sans rire que son ancêtre était un crocodile.

Quelquefois, néanmoins, l’archéologie et ses découvertes les plus récentes, les plus étayées, partagées dans des congrès internationaux, soumises au discours critiques des pairs ont un effet inverse, contraignant certains peuples à réviser leur mythe des origines. Ainsi en est-il par exemple de la Sortie d’Égypte et de la conquête de Canaan. Il s’agit du mythe expliquant l’origine du peuple juif, tiré de l’esclavage par Moïse et traversant le désert pour rejoindre la terre promise. Les travaux des archéologues modernes, et notamment ceux de Israël Finkelstein, démontrent sans contestation possible que les Juifs ne sont pas sortis d’Egypte pour la bonne raison qu’ils étaient cananéens et qu’il n’y a jamais eu de sortie d’Égypte ni de conquête de Canaan. Alors ? Tenir le mythe coûte que coûte ? S’il s’agit de « mon ancêtre est un crocodile », c’est encore possible, mais s’il s’agit de « la sortie d’Egypte a eu lieu au 13è siècle av JC, alors là, ce n’est plus possible…

à lire !

TN

on peut écouter l’émission sur France-Culture ici <—

sur les ondes de la Radio Suisse Romande

Le vendredi 14 septembre 2012

Le grand entretien avec Anik Schuin

Le célèbre ethnopsychiatre raconte son épopée personnelle et revient sur une discipline qui prend en compte le monde culturel du patient.

Où l’on apprend que Tobie s’appelle aussi Yom Tov et Théophile, « celui qui aime Dieu ».

Sur le même sujet
Tobie Nathan se résume ainsi et fort bien: « Je suis comme la goutte qui file entre les doigts pour s’en aller rejoindre la source… »

Tobie Nathan, pionnier de l’ethnopsychiatrie, né au Caire en 1948, est égyptien. Héritier d’une lignée de rabbins, il est juif « sans excès ». Ayant enfant vécu à Rome, il est italien rejoignant ainsi son passeport. Une jeunesse passée dans la Cité de Gennevilliers en France a fait de lui un communiste. Formé à la psychanalyse, il n’a jamais rejoint le rang.

Après nous avoir donné des clés pour interpréter les rêves, Tobie Nathan, prolixe auteur et romancier à ses heures, nous ouvre quelques portes sur son parcours familial, intime et professionnel.

  • Ethno-roman, Tobie Nathan, Grasset, 2012
  • Médecins et sorciers, en collaboration avec Isabelle Stengers, édition augmentée à paraître en octobre 2012 aux éditions La Découverte.

Du même auteur :

  • La nouvelle interprétation des rêves, Odile Jacob, 2011
  • A qui j’appartiens. Ecrits sur la psychothérapie,sur la guerre et sur la paix. Le Seuil-Les Empêcheurs de penser en rond, 2007
  • Le divan et le grigri, en collaboration avec Catherine Clément, Odile Jacob 2002
  • psychanalyse païenne. Essais ethnopsychanalytiques, 3 édition, Odile Jacob-Poche, 2000

Un grand entretien en direct d’Anik Schuin

La Vierge, les Coptes et lui…

La Vierge, les Coptes et moi

Un film très original de Namir Abdel Masseeh — un film rare ! —, le premier long-métrage d’une jeune cinéaste français, d’origine égyptienne, âgé de moins de 30 ans. Le film est l’autodescription d’une œuvre en train de se faire, par son auteur, qui joue son propre rôle, avec un humour contenu. À la fois le film d’un jeune homme, mais déjà celui d’un virtuose de la réflexion, pour autant que la réflexion est bien la captation d’un reflet.

La vérité… Le réalisateur est un jeune homme, fils d’immigrés égyptiens coptes, ayant quitté l’Égypte en 1973. Il a étudié le cinéma, diplômé de la Fémis, probablement aussi l’ethnologie. Son film, un mélange de Woody Allen et de Jean Rouch est sidérant de vérité. Or, le cinéma, de sa nature-même, est une fiction. Le seul fait de s’installer dans une salle de cinéma, c’est comme si on entendait avant le début du film : « il était une fois… » Et là, eh bien non ! Ce n’est pas une histoire, mais la vérité ! La vérité autobiographique des galères du jeune Namir pour réaliser son film, ses démêlés avec son producteur, ses disputes quasi amoureuses avec sa mère qui joue sa mère, quelques échanges sur l’histoire de l’Égypte avec son père, qui joue son père, ses discussions avec des Égyptiens qui lui disent que son film est impossible, qui sont de vrais Égyptiens rencontrés au Caire, qui lui ont vraiment dit, etc… Et enfin le tournage, au sein de sa famille d’origine, que joue sa famille d’origine, dans un village proche d’Assiout, dans le sud de l’Égypte, qui est son village d’origine …

Les ethnologues ont réalisé de tels films — Jean Rouch le premier, mais bien d’autres par la suite, qui ont filmé les populations qu’ils allaient visiter, puis leur montraient les images et les filmaient en train de regarder ces images. Le film de Namir est plus fort encore. Ce sont les populations elles-mêmes qui jouent et sont filmées en train de jouer leur propre rôle, hésitations et trucages compris. Alors, c’est La Nuit Américaine de Truffaut poussée à l’extrême, qui fait rire, bien sûr, et inquiète tout à la fois. Tellement vrai qu’il en est faux, selon le mot de Platon : si vous vous voulez qu’on ne vous croit pas, dîtes la vérité.

Le réalisateur, Namir Abdel Masseh et sa famille, son père, sa mère, sa soeur, qui sont aussi ses acteurs

Les Coptes… Alors, bien sûr, il y a une description fine, tendre et pleine d’auto-dérision des Coptes d’Égypte, comme toutes les populations de ce pays, toutes virtuoses en plaisanteries ; de ce village d’Assiout, qui semble figé dans un passé lointain, où l’on entend un chauffeur de taxi rappeler que l’Égypte est la mère des nations… Et que celui qui a goûté l’eau du Nil ne peut rien faire que d’y revenir.

Bien sûr qu’il s’agit d’un film politique, les Coptes étant victimes d’un nettoyage ethnique, avant tout « statistique » — les autorités les faisant disparaître des chiffres pour les convaincre qu’ils sont une minorité, beaucoup plus minoritaire qu’ils ne le pensent…

Revenir… C’est aussi un film sur le retour. Retour des « seconde génération », qui appartiennent au pays d’origine d’une tout autre façon que leurs parents, qui ressentent comme l’appel des racines et qui ne parviennent à s’en saisir. L’autobiographie prend à cet endroit un tour franchement psychanalytique. L’enfant Namir, placé chez sa tante, dans ce village d’Assiout, durant sa petite enfance, alors que ses parents tentaient de s’intégrer en France, n’ayant de relation avec sa mère que cette photographie qu’on revoit sans cesse dans le film. Celle de sa mère perdue sur un mur, sa mère en icône, comme la Vierge, sa mère retrouvée, aussi, lorsqu’il la rejoint en France, sa mère qui se chamaille sans cesse avec lui et avec laquelle il forme un couple heureux et créatif.

L’apparition de la Vierge sur fond de minarets

Les apparitions de la Vierge… Mais c’est aussi – et même avant tout ! — un film sur la Vierge et ses apparitions. La Vierge apparaît parfois dans des lieux chargés, dans des moments de tension. Ainsi, est-elle apparue à Zeïtoun, dans les environs du Caire, en 1968, après la terrible défaite de 67, comme elle apparaîtra à Medjugorje, en Yougoslavie, en 1981, peu de temps après la mort de Tito. Elisabeth Claverie a consacré un très beau livre aux apparitions yougoslaves, Les Guerres de la Vierge, où elle montre comment les hommes voient surtout la Vierge dans les yeux de ceux qui l’ont vue. Et c’est ce qui arrive aux spectateurs du film qui voient les habitants du village jouer l’ébahissement, puis le ravissement en regardant le ciel.

Un livre est sorti il y a peu de temps, Salut Marie, d’Antoine Senanque, neurologue et écrivain. Un beau livre, drôle, plein d’auto-dérision, lui aussi, mais un livre de croyant. Jouer à voir la Vierge, c’est sans doute la façon moderne de la voir parce que, si on la voyait vraiment, et qu’on la filmait et qu’il serait établi qu’elle est bien apparue, qu’est-ce que ça ferait ? Un buzz sur internet durant 15 jours et puis… plus rien ! La dérision est sans doute la seule façon de laisser durer l’apparition.

Pour écouter l’émission à la Grande Table de France Culture ici <—

TN

dans la Libre Be

dans La Libre Belgique du 10 septembre 2012

Un “Ethno-Roman” d’une lumineuse intelligence humaine.

Extrait :

Toujours soucieux et respectueux de la thématique identitaire, l’intellectuel remonte volontiers à ses racines rabbiniques. Mais en prenant quelques distances avec la prière contrainte – aimer Dieu, oui; le craindre, non. Il postule de surcroît qu’on ne naît pas religieux, la foi ne pouvant guère affleurer qu’au fil d’un long cheminement. C’est une fière leçon que nous administre ce grand ambassadeur de l’ethnopsychiatrie, dans un livre enluminé, d’une chaude humanité, peuplé de grands esprits, y compris ceux des morts qui continuent de planer au-dessus de nous.

Lire la critique dans sa totalité