Goncourt/Le choix de la Tunisie

Liste Goncourt / Le choix de la Tunisie

TN_TunisieTobie Nathan est le gagnant du prix « Liste Goncourt : le choix de la Tunisie » pour son romanCe pays qui te ressemble, publié aux éditions du Stock.

Le jury tunisien s’est réuni mercredi 16 décembre 2015 à l’Institut français de Tunisie pour le vote final, sous la présidence de l’écrivain et philosophe Emna Belhaj Yahia.

Le roman Ce pays qui te ressemble sera traduit en arabe et publié en 2016 par Sud Editions, avec le soutien de l’Institut français de Tunisie. Tobie Nathan sera invité à la Foire internationale du livre de Tunis, en mars 2016, dont le pays invité d’honneur est cette année la France.

Après la visite de l’Académie Goncourt en octobre dernier à Tunis, l’Institut français de Tunisie avait souhaité organiser un prix littéraire pérenne permettant à 176 jeunes de 12 établissements tunisiens de voter pour leur roman favori. Les quatre romans finalistes du Prix Goncourt français, dont la liste avait été annoncée par l’Académie au musée du Bardo, étaient candidats à ce « choix de la Tunisie ».

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DrapeauGB(JTA) — A French Jewish author won a prestigious literary prize in Tunisia for a book he wrote about the life and expulsion of Egyptian Jews.

The jury of the “Goncourt List: The Choice of Tunisia” award on Wednesday voted to give its first-ever prize to Tobie Nathan for his book “This Country that Resembles You,” which was published in French earlier this year,

The Tunisian award was established earlier this year as the local version of France’s Goncourt Prize, awarded annually since 1903 by the Académie Goncourt literary society in Paris to the author of “the best and most imaginative prose work of the year.” Prominent members of the French society visited Tunisia in October to assist the Tunisian affiliate in selecting candidates for the prize.

Nathan was announced as the affiliate’s first-ever laureate at an event Wednesday at the French Institute of Tunisia. The four final candidates were selected according to the votes of 176 literature professionals and students from 12 institutions, the news site tunivisions.net reported Thursday.

Nathan was born in Cairo in 1948 to Italian Jewish parents who had to flee in 1957 as part of the regime’s expulsion of Jews.

His latest book will appear in Arabic next year, and he will be invited to be the guest of honor from France at Tunisia’s next international book fair, FILT, in March.

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Logo_HaaretzFrench Jewish Author Wins Prestigious Tunisia Literary Prize

The jury of the ‘Goncourt List: The Choice of Tunisia’ award voted to give prize to Tobie Nathan for ‘This Country that Resembles You,’ about the life and expulsion of Egyptian Jews.

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Jour de terreur

CouvTransfugeVendredi 13 — vendredi de terreur

Par Tobie Nathan

dans Transfuge, N° 93, décembre 2015

La terreur n’est pas un sentiment — On ne l’éprouve pas ; on est envahi, jeté au sol, atterré. Il ne s’agit pas davantage d’une émotion, mais d’un phénomène plus archaïque, une paralysie déferlante, qui fige l’âme et le corps. L’équivalent pourrait être le mimétisme de la mort de certains animaux, l’araignée, l’épeire, par exemple, qui, acculée par un prédateur, se recroqueville en position de morte, déjà morte en attendant la mort, déjà morte, pour éviter la mort, peut-être…

La terreur, ce n’est pas la frayeur, qui « glace les sangs », qui s’abat comme la foudre, séparant l’âme, laissant un corps sans désir, mécanique. Susto, disent les hispanisants, le « sursaut » physique qui signe l’échappée du souffle. Asustado, « effrayé », désigne à la fois celui qui s’est laissé surprendre par l’aboiement d’un chien soudain surgi derrière une haie et celui qui a été saisi par un esprit, un démon, dont il a piétiné l’espace à son insu ; un démon qui l’a giflé — « cinglé », dit-on encore de nos jours. Un effrayé n’est pas terrorisé ; il dispose encore de son corps, même s’il s’agit d’un corps sans volonté, déprimé ou déchaîné.

La terreur, ce n’est pas la peur, non plus, émotion cette fois, consciente ou sur le point de le devenir, sorte de raisonnement compacté qui contient, résumée, la trace d’une expérience antérieure. L’enfant qui s’est brûlé sur la plaque chauffante a peur d’approcher la main. La peur est une « raison pratique », au sens propre.

En forêt, au détour d’un chemin, l’homme se trouve soudain face à un tigre. Un instant, il se voit dans le regard de l’animal : un morceau de viande. Devenu substance informe, il est pris de terreur. La terreur n’est donc ni la peur ni la frayeur ; elle se caractérise par une dépossession, un rapt de l’être. Ayant abandonné forme et volonté, les terrorisés sont déjà des captifs.

La terreur est toujours le premier temps de la capture ; à la source de tout esclavage.

Le terrorisme est l’installation, par un pouvoir politique ou par un groupe de pression, d’une sensation permanente de terreur — et toujours pour transformer des vivants autonomes en captifs. Il est faux de prétendre que la violence s’oppose à la politique ; elle est parfois, on le sait, délibérément mise à son service.

On se souvient que La terreur a été un système politique, entre 1793 et 1794, pour annihiler toute velléité d’opposition. La prise du pouvoir par les nazis a été préparée par une décennie de mise en scène délibérée de la terreur. On se souvient aussi de ce que l’on a appelé à juste titre « la grande terreur », ce temps des grandes purges de Staline dans les années 1937-1938 où aucun espace dans l’immensité du territoire soviétique ne pouvait mettre à l’abri de l’imprévisible.

Les attentats de Paris du 13 novembre 2015 sont à l’évidence le premier acte d’une décision de répandre la terreur avec l’intention de soumettre la France de l’insouciance et de la joie de vivre. On ne saurait y répondre que par l’intelligence des stratégies de la terreur ; par les ruses du chasseur et le respect de sa propre vaillance.