• Psychothérapies

La vidéo d’une conférence à l’Université de tous les savoirs en 2000

PSYCHOTHÉRAPIES – PROBLÈMES DE DÉFINITION ET AUTRES PROBLÈMES

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Présentation

En psychologie, la psychothérapie occupe une place singulièrement paradoxale – à la fois suspecte et prometteuse. Suspecte, puisqu’elle parvient très difficilement à soumettre ses propositions méthodologiques et ses énoncés théoriques aux rigueurs méthodologiques ayant cours dans les autres champs de la discipline (expérimentation, évaluations quantitatives) – suspecte d’être seulement un avatar d’une hypnose de music hall malencontreusement égarée à l’université. Mais prometteuse aussi, car parmi les activités du psychologue, elle est celle qui ressemble le plus aux domaines des sciences dures du fait qu’elle est avant tout une technique et se doit donc de soumettre à l’analyse les actions du chercheur qui est aussi, dans ce cas, le thérapeute – les soumettre à l’analyse, non par jeu ou pour obéir à quelque impératif abstrait de rigueur, mais par nécessité clinique. Car agir en thérapeute implique que l’on peut au moins s’expliquer sur la raison de son action. Avec les psychothérapies, nous nous trouvons devant un véritable problème de définition.

Le texte de la conférence :

Psychothérapie désigne  » la thérapeutique de la personne (de l’être), par le traitement de son « âme », selon des méthodes excluant le recours à la chimiothérapie [1] … « , définition à laquelle je rajouterai aujourd’hui :

…et à toute forme de procédés impliquant l’action de la matière sur l’esprit.

En se définissant, en s’instituant ainsi, les psychothérapies ont délimité leur domaine de manière à exclure. Je ne parle pas seulement du passé, il s’agit d’un phénomène général et permanent — une sorte de génie spécifique des psychothérapies. Il est vrai que les domaines d’intérêt et de recherche, les idées, les êtres en général, apparaissent à la fois avec et contre. Sitôt apparus, les voilà qui cherchent des alliés, qui établissent des contrats, et dans un même mouvement posent des anathèmes. Mais certains êtres sont chasseurs et carnivores par nature. Ils apparaissent pour combattre, dévorer, éliminer. Les psychothérapies sont de cette espèce. C’est pourquoi la plupart des autodéfinitions des psychothérapies sont de fait négatives. L’ambiguïté du terme, le flou de sa signification en est un signe. Dans leur définition même, dans leur opposition à la matière, les psychothérapies entrent donc en guerre — ou en chasse, si l’on veut — contre toute autre forme de thérapeutique. En effet, lrea plupart des thérapeutiques que l’on rencontre à travers le monde traitent les humains à partir de l’action sur une matière. Force est donc de constater que les psychothérapies ne peuvent se définir que de manière négative. Car ce que détestent les psychothérapies, toutes les psychothérapies, c’est précisément la matière.

De plus, lorsqu’il s’agit de thérapeutique, il est absurde d’opposer action de la matière sur l’esprit (chimiothérapie) à action de l’esprit sur la matière (psychothérapie). La psychothérapie, elle aussi, agit sur la matière, même si c’est en la niant.

Toute thérapie (y compris la psychothérapie) est action sur la matière dans le but de modifier l’être.

C’est pour toutes ces raisons qu’il me semble plus judicieux de définir les psychothérapies par leurs antipathies et leurs tropismes. Essentiel aussi de ne pas les figer dans des définitions positives qui donneraient l’illusion d’objets  » naturels « . Bref : le mot psychothérapie convient essentiellement, et pour l’heure [2], aux pays occidentaux. Il désigne une intervention thérapeutique se proclamant non armée — s’engageant donc par principe à ne jamais recourir à l’usage d’un certain nombre d’objets.

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