• Son dernier mort… (Raphaëlle Bacqué)

à propos de Le dernier mort de Mitterrand de Raphaëlle Bacqué (Grasset et Albin Michel, 2010)

Une impression générale : écrit à la dague — je veux dire que l’écriture en est à la fois effilée et pointue, peaufinant les virgules et recherchant les mots qui cinglent. Belle ouvrage ! Un texte respectueux du lecteur qui l’accueille, l’accompagne dans un environnement inquiétant, lui donne envie d’y rester, d’y revenir…

Le sujet : François de Grossouvre, conseiller de l’autre François — Mitterrand — se suicide au palais de l’Elysée, le 7 avril 1994, en se tirant une balle sous la gorge. 357 magnum sous le menton, explosion de sang et de fragments de cervelle sur les murs, les tentures et les fauteuils. D’où le premier enseignement : les morts font surgir les vieilles affaires enterrées. D’où le second enseignement : l’intérêt des morts, qu’on se le dise !
Où l’on revient sur la seconde famille de Mitterrand, Anne et Mazarine Pingeot, dont François de Grossouvre était le parrain, qui habitaient l’appartement au dessus du sien. Ce secret que Grossouvre partageait avec Mitterrand lui donnait la sensation d’être protégé. Et l’on ne peut que s’étonner que le secret de cette seconde famille ait été préservé durant tout le mandat du Président Mitterrand alors que la plupart des journalistes étaient au courant. Une presse aux ordres ? … qui n’avait pas vraiment l’habitude de la démocratie, en tout cas…
Où l’on est attristé par la simplicité un peu naïve du conseiller occulte, passionnément épris de Mitterrand jusqu’à ignorer sa disgrâce.
Où l’on pénètre les arcanes du pouvoir au quotidien. Comment un chef maintient-il sa position? Un chef d’une grande nation, de dizaines de millions de sujets… Et où l’on constate qu’un chef est l’homme qui ne craint pas de trahir, qui prend soin de multiplier ses sources d’information, qui est suffisamment narcissique pour supporter que sa position implique la perte de celle de bien d’autres.
Une leçon politique sur l’exercice du pouvoir et surtout sur le danger qu’il représente pour ceux qui éprouvent des sentiments.
TN

5 réflexions sur “• Son dernier mort… (Raphaëlle Bacqué)

  1. Pour ce qui est de la plongée dans les arcanes du pouvoir, ok. Encore que… Concernant le « héros » de ce livre, sa famille et moi-même, son ancien collaborateur à l’Elysée, contestons le bien fondé de ce livre, la véracité et/ou l’interprétation des faits et situations décrits, le portrait qu’il ressort de François de Grossouvre, les rôles qu’il a tenus tant dans la Résistance qu’à l’Elysée… Et surtout la conclusion sur le suicide, loin d’être étayée par des preuves que l’auteure prétend apporter. Cf. notamment l’article du Figaro Magazine du 19/06/2010 visible sur le blog : http://pierda.wordpress.com/

  2. Pingback: mes biblioposts « tobienathan’s Blog

  3. Je veux juste signaler une faute d’orthographe « … dont François de Grossouvre était le parain … » parrain avec 2 r mais ce n ‘est pas grave

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