« Qui a tué Arlozoroff ? » de Tobie Nathan
Haïm Arlozoroff a bien failli être le premier président de l’État hébreu. Mais, à la place, il prend deux balles dans la peau, vers minuit un soir de juin 1933, sur la plage de Tel-Aviv. Après plus d’un demi-siècle d’omerta, un journaliste se décide à fouiller le passé du dirigeant sioniste et découvre sa liaison avec celle qui allait devenir, vingt ans plus tard, l’épouse du ministre de la propagande d’Hitler : Magda Goebbels. L’équation est complexe, inconcevable. D’un côté, il y a Magda, l’Allemande catholique, une bâtarde qui porte longtemps le nom juif du mari de sa mère, avant d’épouser un richissime industriel, puis le « bouc » en deuxième noce. Coûte que coûte et jusqu’à la folie, elle voudra devenir « une déesse de la nation ». Et, de l’autre, Arlozoroff, le Russe juif d’extrême gauche, prince du Yichouv en son « presque pays » – Israël n’existe pas encore -, amoureux fou de sa Juliette (sadienne, non pas shakespearienne). Tout cela ne nous dit pas qui a tué ce pauvre Arlozoroff, mais fait le miel du sensationnel « romenquête » – aurait dit BHL – de Tobie Nathan.
Qui a tué Arlozoroff ? de Tobie Nathan (Points, 416 p., 4,50 euros).