Serial Eater

Une nouvelle édition paraît ce mercredi 17 mars 2021

à ne pas rater !

Serial Eater

Collection : Rivages/Noir, 2021 — 352 pages, 9 Euros dans les bonnes lbrairies.

4ème de couv :

L’action débute le mardi 11 septembre 2001. C’est ce jour-là qu’un psychiatre parisien, Abdelaziz Padoue, reçoit un étrange patient qui interroge son médecin au lieu de se laisser examiner par lui. Le vendredi suivant, le 14 septembre, on trouve une main de femme sectionnée sur l’autel d’une église parisienne. Et c’est une jolie femme de trente-sept ans, Béatrice-Belle Darmentières, qui est désignée pour instruire l’affaire. Plus les cadavres se succèdent, plus la juge se passionne pour l’enquête, d’autant que le criminologue qu’elle s’adjoint ne lui est pas indifférent. Mais lorsqu’une grande passion survient alors que vous êtes chargée de l’affaire de meurtres en série la plus dingue qu’ait connue Paris et qu’il vous faut affronter par-dessus le marché un fiancé jaloux, des collaborateurs surtout préoccupés de leur carrière et des journalistes déchaînés, vous commencez à ne plus savoir quel dieu prier.

Serial eater éclaire l’alliance qui s’est nouée ces dernières années entre les religions et le meurtre.

C’est un polar mystique qui prend au sérieux les équations kabbalistiques ; c’est un polar féministe qui raconte de l’intérieur les contradictions d’une femme moderne ; c’est aussi un polar qui relève le défi d’expliquer les énigmes d’aujourd’hui grâce aux connaissances d’autrefois.

Paris-Match : 

« Kabbale explosive »… « Pris aux tripes, tout de suite. Par ce psychiatre qui reçoit un étrange client, aux inquiétantes manières. Par cette juge qu’on imagine ravissante, qui s’appelle Belle, saisie d’une incroyable affaire : des bouts de cadavres retrouvés dans des églises, mis en scène avec le pain, le vin, le Livre. Pris au cerveau également par ce ‘profileur’ prise de tête, séduisant puits de science qui semble si bien comprendre le tueur en série qu’on en vient à le soupçonner. Le meurtier lui-même, enfin, qui rôde de page en page, apparaissant toujours quand on l’attend le moins, qui terrorise le lecteur jusqu’à la scène finale.

Le Figaro Littéraire : 

« La morne existence de la juge d’instruction Béatrice Belle Darmentières est enfin chamboulée par les crimes d’un tueur en série, qui installe membres et organes de ses victimes sur les autels de diverses églises parisiennes. Voilà bien du nouveau dans le genre… Le profileur Soli, un personnage plutôt trouble chargé d’assister Belle dans son enquête, prend cela comme un rebus. Ce petit homme remonte aux sources des mots de la Thora afin de percer le mystère. De sorte que le roman – c’est son étrangeté – ressemble à une passionnante conversation sur les origines mystiques du mal. »

Une critique récente ici <—

Meilleur Polar. Genre : Intense et troublant.

par Manuscrits Pro @ 2014-08-30 – 15:18:13

« Dans son livre, Tobie Nathan explore une société en pleinemutation : la société post 11 septembre. Très ébranlé dans ses principes, dans ses idéaux, le monde d’aujourd’hui se cherche des défenses. Comment se protéger de tous les dangers extérieurs? En ayant la foi ? »

« L’autre point fort de ce roman réside dans la clarté dont fait preuve l’auteur dans son traitement de l’histoire. Malgré des personnages tourmentés, au profil plutôt compliqué, Nathan raisonne et écrit en scientifique : l’enquête, la quête, de la juge Belle Darmentière est décrite précisément, minutieusement, ce qui souligne d’autant plus l’aspect complexe de chacun des protagonistes. Plus qu’un polar donc, Serial Eater pose la question de la place de la religion dans notre vie quotidienne, dans la réalisation de nos actions. Dans quelle mesure nous influence-t-elle, nous définit-elle dans le contexte actuel ? Tobie Nathan invite véritablement le lecteur à se remettre en questionpar rapport à ses croyances mais aussi par rapport à celles d’autrui. »

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Shuffle. Le syndrome du hamster

Sur les réseaux sociaux, ces pas de danse qui donnent l’illusion du mouvement tout en se déplaçant très peu font fureur auprès de la « génération Covid ». Une façon pour ces jeunes gens contraints à l’immobilité de ne pas perdre le rythme de la vie ?

Covid-19. Je suis considéré par­ticulièrement vulnérable, cochant plus de trois critères dans la liste publiée sur le site service-public.fr, qui en comporte onze. Du coup, je sors très peu. Mais pour ne pas abandonner mon corps aux désastres de la pesanteur, je me suis procuré un vélo d’appartement, et depuis je pédale, je pédale comme un fou. J’abats des kilomètres sans avancer d’un pouce, me faisant l’effet d’un hamster sur sa roue de course. Le casque sur les oreilles, les yeux rivés sur mon iPad, tout en pédalant, je regarde sur TikTok ou sur YouTube des gamins s’agiter sur des musiques électro. Ils sont seuls face à la caméra réalisant des prodiges acrobatiques. Leur danse s’appelle Shuffle, ce qui, en anglais, signifie « mélanger » mais aussi « traîner les pieds ». Pourtant, on peut dire qu’ils ne traînent pas. Je me sens à bout de souffle rien qu’en les regardant. 

Sur TikTok, des jeunes filles font des démonstrations. En minijupes ultra-courtes ou en pantalons bouffants, elles croisent les pieds chaussés de baskets luminescentes à une allure folle tout en sautant au rythme de la musique. Ce qui leur vaut des millions de vues sur le réseau social chinois ! La tête recouverte de leur capuche de jogging, un pantalon très large strié de bandes fluorescentes, les jeunes garçons ont un style plus viril. Ils multiplient les figures, augmentent la vitesse. Mais je reconnais les pas exécutés avec la même dextérité. Les vidéos sont extrêmement courtes. Alors, j’émigre sur YouTube pour glaner quelques explications. Le site regorge de tutoriels. Un jeune homme sympathique montre comment réaliser le Running Man, « l’homme qui court », un pas incontournable du Shuffle. Il s’agit de donner l’impression de courir, en avant, puis en arrière, tout en restant immobile. Pour cela, il suffit de faire glisser un pied en arrière, à chaque fois qu’on pose l’autre sur le sol. « Vous écoutez vos pieds qui chantent », explique le jeune homme de la vidéo, attirant l’attention sur le frottement de la basket sur son parquet. Puis il exécute d’autres pas où l’on croise les jambes, tout en donnant l’impression que l’on se déplace sur le côté. Je comprends que toute cette danse consiste à simuler du mouvement, alors qu’on se déplace très peu. Eux aussi semblent enfermés dans une roue de hamster !

Shuffle est en fait une vieille expression américaine, qui remonte aux temps de l’esclavage. 1739, Caroline du Sud, des esclaves se révoltent. Sous la direction de Jemmy, un esclave originaire de l’actuel Angola, ils s’emparent d’armes, incendient des plantations et tuent une vingtaine de Blancs. Après la répression féroce de cette rébellion, les Blancs ont peur et interdisent aux esclaves l’usage des tambours grâce auxquels ils communiquent pour se réunir. Alors les esclaves, coincés sur place, ont pris l’habitude de traîner les pieds en cadence (to shuffle), reproduisant les rythmes de leurs tambours. Plus tard, ils ont intégré ces pas dans leurs musiques, ce que, dans les années 1920, on appellera Tap Dance – les claquettes.

Les jeunes gens que je regarde sur TikTok, assignés à résidence par temps de Covid, connaissent peut-être l’origine du mot Shuffle, seule liberté laissée aux esclaves. À moins que, confrontés à la claustration de l’épidémie, ils n’aient spontanément retrouvé l’inspiration originaire : traîner des pieds en cadence pour ne pas perdre le rythme de la vie. 

Mais la répression rattrape encore la révolte, fût-elle confinée dans une sorte de roue de hamster. Depuis fin 2019, les autorités iraniennes arrêtent les jeunes filles qui « shufflent » sur Instagram. Accusées de « création de contenus obscènes », elles sont incarcérées dans la prison pour femmes de Qarchak, là où elles ne pourront certainement ni danser ni faire usage d’un vélo d’appartement.  

Tobie Nathan

Philosophie magazine n°147 février 2021