sur France inter
le dimanche 8 septembre 2013
dans la belle émission de Paula Jacques,
nous serons avec Arnaud Desplechin pour parler de son nouveau film, Jimmy P. (Psychothérapie d’un Indien des Plaines), d’après le livre de Georges Devereux
En 1947, Jimmy P., un Indien Blackfoot revient de la guerre en proie à un lourd traumatisme. Son cas est un défi pour la psychanalyse. Un thérapeute en rupture de ban, Georges Devereux, va le relever et faire naître ainsi une nouvelle discipline, l’ethnopsychiatrie. C’est de cette histoire, véridique, que s’est emparée le cinéaste Arnaud Desplechin dans son dernier film. L’occasion de lui faire rencontrer l’un des plus éminents disciples de Devereux, Tobie Nathan, et de se demander avec eux si l’inconscient est culturel ou universel.
On prétendait autrefois qu’il existait des «peuples sans écriture» et l’on ajoutait souvent qu’ils étaient sans histoire, car l’écriture, élargissant la mémoire, était censée agrandir l’horizon… C’est ce que l’on pensait, du moins jusqu’aux belles pages de Lévi-Strauss dans Tristes Tropiquesqui, remettant les choses à leur place, affirmait en quelques phrases que l’écriture semble avoir surtout été un instrument de structuration de grandes populations, de leur hiérarchisation en castes et en classes… Sans doute n’a-t-il jamais existé de peuples sans écriture. On s’était mal posé la question. On aurait dû se demander «qui lit ?» et «qui écrit ?». C’est alors qu’on pouvait comprendre en quoi les peuples se différenciaient. Il existait — il existe peut-être encore ? — des peuples où seuls les dieux écrivent, les hommes se contentant de lire leurs messages… On a toujours écrit ; on a toujours lu…