« J’étais enceinte de ma grand-mère… »

sur Akadem

accueil d’Olivia Elkaïm pour parler de son livre

Fille de Tunis

4ème de couv. :

Olivia Elkaim, Fille de Tunis, Stock.

« D’elle, il me reste un foulard bleu, une bouteille vide de son parfum et ce cliché sépia, conservé dans un cadre rouge : la vingtaine resplendissante, chignon laqué, bustier soulignant le galbe de sa poitrine, Arlette trône sur la cheminée de mon salon. Mais je ne sais presque rien d’elle, quelques dates, mes souvenirs d’enfance. Je fouille ma mémoire, gratte le passé. Comment la saisir, elle qui ne s’est jamais laissé attraper par personne ? »

Entre Tunis et Marseille, Olivia Elkaim nous entraîne dans le sillage de sa grand-mère maternelle, une femme libre et magnétique au destin percuté par la guerre, la décolonisation et l’exil, dont elle livre un portrait incandescent.

À visionner ici :

présentée par Tobie Nathan

Dans le Figaro

Tobie Nathan au coeur de la nuit

par Bruno Corty

CRITIQUE

Magicien,Tobie Nathan a l’art
d’envoûter son lecteur.
P. NORMAND/LEEXTRA VIA OPALE.PHOTO

Le récit enlevé, baroque, des événements de Mai 68 vus par un étudiant juif égyptien maoïste.

Il y a trente ans, Tobie Nathan, ethnopsychiatre, entamait une carrière d’écrivain avec un talent de conteur singulier. Son premier livre, Saraka bô, était un polar peu conventionnel, ambitieux, puisque prenant modèle sur le Quatuor d’Alexandriede Durrell. Nathan y mettait en scène un ex-professeur de philosophie devenu terroriste par amour, emporté par les remous de la chute du mur de Berlin, un psychanalyste dont la spécialité était le travail clinique auprès des patients migrants, un commissaire de police intello à la vie sentimentale chargée et un «serial killer» enragé, massacrant à tour de bras les femmes à Neuilly-sur-Seine… Quatre autres polars suivront avant que l’auteur, ayant fait ses gammes, ne se lance dans le «roman roman».

Avec Ce pays qui te ressemble et La Société des belles personnes, il s’attachait à évoquer l’histoire dramatique des Juifs d’Égypte au XXe siècle, leur persécution, leur expulsion, leur exil. Présent dans ces deux romans, Zohar, un homme en quête de vengeance réapparaît dans Et si c’était une nuit. Avec une Bédouine qui se prétend la mère du narrateur, Tobie, étudiant juif égyptien réfugié avec sa famille à Gennevilliers, Zohar surgit dans l’histoire dès que notre héros se trouve en fâcheuse posture, c’est-à-dire, souvent!

«Étranger dans un pays étrange»

Il n’est pas simple de vivre «étranger dans un pays étrange», la France, en 1968, au moment où sa jeunesse se soulève. Le jeune Tobie, de Nanterre à la rue d’Ulm, accumule les mauvaises rencontres: des CRS qui le poursuivent, un professeur sadomaso forniquant dans son bureau de Normal Sup, des «Palestoches», des «Teutons flingueurs»… Comment qualifier cette ambiance, à la fois de fête et de terreur? Une heure dans cette assemblée générale et vous aviez un mal de tête à vous exploser le tympan ; le bruit, bien sûr, le chaos aussi, et puis un sentiment de danger qui planait au-dessus de nos têtes.» Tobie trouve le réconfort dans l’amour, la beauté des femmes qui l’initient au sexe. Hier, la peu farouche Daniela ; aujourd’hui, Betsy, Michèle, la tante Henriette qui fait l’amour en écoutant Ferrat chanter Aragon.

ET Sl C’ÉTAIT
UNE NUIT
De Tobie Nathan,
Stock,
400 p, 22 €.

Un roman d’apprentissage

Le roman avance à un rythme effréné, on passe des CRS au CNRS et à d’ex-SS, de la Sorbonne au Paraguay, de la rue Farouk, au Caire, à Gennevilliers, de Nasser à «Dany le Rouge» en passant par Marx, Freud, Konrad Lorenz, de l’ethnologie à la psychanalyse… Et Tobie, ballotté dans ce tourbillon de la vie, chutant, se relevant, hypnotisé, envoûté, marabouté, est sans cesse ramené à ses origines, à l’exil, au devoir sacré d’honorer ses ancêtres. «Ce sont eux qui t’ont sauvé de l’errance, de la maladie et de la mort, lors de cette fameuse nuit où nous nous sommes revus», lui lance sa Bédouine fantôme.

Dopamine Détox : faut-il moraliser notre cerveau ?

Tobie Nathan publié le 15 août 2023 

Cette diète numérique promet aux jeunes accros aux réseaux sociaux de décrocher en les privant de dopamine, l’« hormone du plaisir ». Mais suffit-il d’une injonction pour mettre fin à nos addictions ?

Réflexe d’ex-soixante-huitard peut-être, je suis inquiet devant cette mode enflant sur Internet, qui conseille de réduire la dose de dopamine reçue par notre cerveau. Pour cela, il faudrait s’interdire ce qui procure le plus de plaisir : l’alcool, le tabac et le joint pour commencer, et, surtout, les réseaux sociaux – Facebook, Instagram, WhatsApp, TikTok, Twitter, Tinder… Un mot d’ordre : Dopamine Détox ! Coupez votre portable un jour, une semaine… mieux, un mois, un an si vous en avez le courage… Et vous verrez revenir votre motivation et votre capacité de…

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