Tobie Nathan

Tobie Nathan

Tobie NathanPrière

Psy, prof et scribouillard — avec cette exigence de naïveté pour continuer à croire que l’on peut convaincre par la raison de ce que l’on a appris d’expérience.

Je demande à mes pères l’autorisation de parler en public.

Silencieux et humble devant le malheur, l’on se doit de partager la joie du savoir ; de combattre par toute la force de la pensée la banalité et l’ennui.

J’ai écrit, j’ai parlé, je me suis engagé, dans des luttes sociales, des combats théoriques, j’ai travaillé recherchant avant tout clarté et simplicité.

L’on m’a écouté, lu, imité, plagié, critiqué, calomnié, attaqué… Certains n’aimaient pas, je le sais, l’originalité dont je faisais preuve, ma liberté de penser, moi qui n’ai fait partie d’aucune chapelle, qui, sans doute à l’image de mon maître, répugnais aux idées courantes, à la vox populi

Je demande aux êtres la bénédiction de la terre.

Toute création est oeuvre de la terre. La banalité est pire encore que le mal — déguisée en prudence, elle prépare seulement l’alliance des brigands.

Je supplie les esprits de m’épargner les bandes, les groupes, les sociétés et les affiliés… les hordes, les meutes et les légions.

J’étais parti sur le chemin que m’avaient tracé les maîtres, imaginant éviter par le silence les pièges qui le parsemaient. Les embûches étaient obscures, à chaque embranchement ; les idées sont maudites par les nuées.

Quelles que soient les souffrances, les menaces ; quel que soit le monde, quels que soient les temps, je m’efforce de ne pas renier mon nom !