Jésus le politique, Jésus le guérisseur

couvJésus… retracer le parcours exceptionnel de Jésus, un personnage omniprésent dans notre monde alors qu’on en sait assez peu sur lui ; alors que, paradoxalement, après 2000 ans de recherche, il reste presque un inconnu. Il imprègne notre vie quotidienne par des paroles,  des expressions, des maximes, par une morale, aussi et une certaine vision politique. Il est partout, dans les expressions de notre langue, dans nos proverbes, nos habitudes mentales, mais aussi dans la statuaire, dans les tableaux, dans les cimetières, aux carrefours, dans la musique et — ô combien ! — dans les discours politiques, où l’on nous promet sans cesse, comme dirait Ernest Renan, l’avènement du « royaume » des pauvres.

Jésus est aussi présent en négatif, dans des attitudes inverses, les délinquances et les folies… Rares sont les malades délirants qu’il m’est arrivé de rencontrer qui ne l’ont évoqué. Certains racontent qu’ils l’ont aperçu, qu’il leur est apparu ou qu’ils ont conversé avec lui. D’autres se sentent habités par lui, à moins, qu’il ne se fût incarné en eux…

Jésus est aussi un interlocuteur, on l’appelle, on l’invoque, on le prie… Il est le compagnon des laissés pour compte, des démunis, des malades. Ici, en France, en Europe, et aussi loin d’ici, en Afrique, en Amérique du sud, et de plus en plus en Chine… Il faut le savoir, Jésus, c’est 2,4 milliards de fidèles, Mohammad, 1,5 milliards ; les dieux indiens n’atteignent pas le milliard ; quant au Dieu juif, il plafonne tout juste à 15 millions…

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Jérusalem, entrée du Saint-Sépulcre © Tobie Nathan

Si Jésus est partout, aucun document n’atteste avec certitude sa réalité historique au point que certains chercheurs prétendent qu’il n’a peut-être jamais existé ou bien qu’il a été multiple, qu’il en a existé des dizaines, que celui qui est inscrit dans les Écritures est une sorte de précipité, une image mythique, aussi floue qu’elle est dense.

Quant à moi, je suis allé puiser dans les ressources historiques, celles qui reconstituent l’époque, l’atmosphère où il a vécu, très peu dans les exégèses théologiques. Il va de soi que Jésus, c’est aussi Le Christ, Le Sauveur, à la fois homme et dieu. Je n’aborde que sa part d’histoire et dans cette double perspective qui me questionne et, je l’avoue, me fascine : Jésus le politique, Jésus le guérisseur… J’espère ne froisser personne en ne discutant que sa part d’histoire. Mais l’honnêteté exige que l’on n’outrepasse pas la frontière de ses compétences.

Tobie Nathan

couvJésusEn librairie : T. Nathan, Jésus le guérisseur. Paris, Flammarion, 1er novembre 2017

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Une réflexion sur “Jésus le politique, Jésus le guérisseur

  1. Ah! ce sempiternel procès aux cathos fabriqués tout centrés sur « je » (suis celui qui incorpore le corps du Christ via la communion avec Dieu et tout le dispositif technique qui l’autorise..) plutôt que « nous », soigneusement décomposé ensuite et « de surcroît » par la surenchère psychanalytique dans sa confection du sujet « isolé, jouisseur et responsable de son dilemme intérieur ».
    J’en suis de ces deux traditions, familiales et culturelles, avant de « devenir « peule »…et j’apprécie un point de vue culturellement décalé, qui envisage Jésus comme un rebelle fédérateur, à abattre par le pouvoir d’alors…
    C’est important de resituer cet enjeu politique de façon historiquement contextuelle…
    Aujourd’hui ce serait un(e) psychotique éliminé(e) de tout espace social de crédibilité par ce diagnostic…C’est AUSSI ce qu’un vrai cercle pluriculturel m’a appris sur l’art de penser/créer et tuer par les mots, sur fond d’un pouvoir de parole autorisée.
    L’essentiel (pour ma part) est que cette confrontation m’a aidée à trier les influences surgies alors sur fond de désarroi profond et à survivre à l’épreuve du sida dont je suis affectée depuis près de 33 années.
    Je vous serai éternellement reconnaissante pour l’aide intellectuelle et l’hospitalité que vous m’avez donnée au Centre Devereux en un temps où, certes je parlais, écrivais et disjonctais grave aussi …pour mieux me tenir sur le fil précaire de me soigner non de « psychose » mais du « HIV », deux diagnostics qui m’interrogent toujours…

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